Je suis ...
Meunier en mon moulin !
Le cours du temps
A changé si souvent ...
La rivière aussi
N'y a pas échappé ...
Entre la microcentrale
Et l'enrochement ...
La rectification et la canalisation
Il n'est resté de l'eau que la portion congrue.
Un filet, un rien, si peu ...
Etouffant sous l'impact rude de l'homme ...
Les pales de mon moulin se sont tues ...
Chevesnes et vandoises attendent ...
Dubitatifs ...
L'illusoire reprise ...
Ce gai bouillonnement
Du clapotis qui court et qui fuit ...
En vain !
Qui connaît ces existences discrètes
D'entre et de sous les pierres ...
Qui s'accrochent aux herbes
Avec opiniâtreté et confiance ?
Cette patience des rives
Que le flot grignote petit à petit ...
Je suis ...
Meunier en mon moulin désert !
A épier, à essayer de préserver
Cette vie fragile et délétère
Que l'on cueille au fil de l'onde.
Du chabot à l'ombre.
De la loche au brochet
De tout ce petit peuple de blanchaille
Et j'en oublie ...
Meunier je suis ...
Et pêcheur je fus ...
De ces montées furtives
Sur la plume indolente ...
Guetteur de ce plaisir bref et doux ...
Du poisson pris et relâché !
Sentinelle de l'instant, du silence
Et du tout !
Meunier je suis ...
Gardien éphémère
De ce royaune mythique,
D'eau et de lumière ...
La truite a déserté le perré ...
La balsamine a envahi l'espace,
La renouée y a trouvé son compte ...
Meunier je suis ...
En mon moulin en ruines ...
A moudre mon chagrin ...
A espérer l'impossible ...
Car l'espoir est un devoir
Pour celui qui aime !
A espérer cette eau claire
Qui courra dans nos rivières ...
Demain !
Jean-Rémy Schleifer - Septembre 2003
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